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Interview exclusive de Hilda !

postée le 14/10/2024

Il y a maintenant deux ans, après de longues recherches, j'ai retrouvé la trace d'Hilda dans un environnement très éloigné et différent de celui de la musique. Nous avons organisé un échange très sympathique afin d'évoquer ces années avec Bernard Lenoir. Et après deux ans de travail et avec la bienveillance d'Hilda, voici le résultat de cet échange. Un moyen de se replonger dans cette "belle période" pour Hilda.

Lors de cet interview, il sera question de Radiohead, de Labour Party, de Peter Hook, de La Locomotive, de Peel Sessions, de fauteuils confortables, de mariage, d'Eurostar, de photographie, d'Arnaud Viviant, de comédies musicales américaines, des Négresses Vertes et bien sûr de Bernard Lenoir et Michelle Soulier.
Bonne lecture !



le 15 SEPTEMBRE 2022 / 18:00 / Google Meet

PARTICIPANTS

  • Hilda Carr
    Co-organisatrice/Co-présentatrice des black sessions entre 1992 et 2000
  • Administrateur du site blacksession.fr

  • blacksession.fr :  Bonjour Hilda, je suis ravi que vous ayez accepté cet interview et de faire votre connaissance. J’ai préparé quelques questions que je vais vous soumettre.

    Hilda:  Bonjour, j’avoue que je n’ai rien préparé, et c'était il y a vraiment longtemps [rires], je ne sais pas si je vais me souvenir de tout.

    blacksession.fr :   Pas de soucis. De mon côté, j'essaye de reconstruire finalement ces archives avec le site blacksession.fr. J’avais fait une première version en 2007 quand les Black Sessions existaient encore et puis pendant le covid, je me suis ré-attelé à le remettre à jour et puis là je travaille notamment avec pas mal de personnes pour récupérer des bouts par-ci par-là que ce soit des black sessions ou des white sessions.

    Sinon que devenez-vous car j’ai l’impression que vous n’êtes plus du tout dans le monde de la musique?

    Hilda :   Non plus du tout. En fait, j'ai quitté la musique deux fois. D'abord dans les années ... 2001-2002, parce que je voulais m'engager dans des choses qui me tenait à cœur : le développement international, le réchauffement climatique qui n'était pas du tout aussi à la mode que maintenant. J'ai aussi commencé à travailler pour le labour party, pour le mouvement coopératif et mutuel en Grande-Bretagne. Et au bout d'à peine un an, je commençais à faire un peu ma marque, je commençais à me faire remarquer par des gens, le manager de Radiohead me contacte parce qu'ils cherchaient un tour manager pour la tournée “Hail to the Thief”. Au début je n'étais pas très partante parce que ma nouvelle vie, qui consistait à ‘sauver la planète’, et faire des choses plus ‘sérieuses’ me plaisait beaucoup...

    Radiohead
    Radiohead en 2003

     Et puis évidemment, je me suis très vite laissée tenter, c’était un truc tellement extraordinaire, un peu fou…  A mon retour de tournée, j'ai quitté la musique pour la seconde fois, je suis retournée à mes campagnes écologiques, et je me suis fait remarquer par des gens dans le gouvernement britannique puisque c'était du lobbying du gouvernement qu’on faisait et quand il y a eu une opportunité, je suis rentrée au Cabinet Office - Downing Street - en tant que Chief Press Officer.  Ensuite, quand ils ont créé le Department for Energy and Climate Change, (le ministère pour l’énergie et le réchauffement climatique), il y a eu un super, un super job que j’ai pris. Après, je suis partie en détachement à ECMWF (European Centre for Medium-Range Weather Forecasts) qui est le centre européen de prévisions météorologiques à moyen terme. On prépare les données numériques de la météo pour toute l’Europe et même le monde entier puisqu’on a des accords avec les États-Unis, la Chine, un peu partout... Et on gère aussi le réchauffement climatique pour la Commission européenne.

    Hilda
    Hilda

    blacksession.fr :   Vous êtes donc aujourd’hui loin du monde de la musique, est-ce que cela ne vous manque pas ?  

    Hilda :   C’est loin du monde de la musique… De temps en temps, j'entends des trucs qui me font sourire. Par exemple lorsque je vois des groupes d’aujourd’hui prêter leur nom et leur image à des causes humanitaires... les méthodes n’ont pas changé! Le monde de la musique ne me manque pas en lui-même, les amis me manquent parfois. Je suis restée en contact avec certains, notamment le management de Radiohead...

    blacksession.fr :  Puis là, Thom a lancé un autre groupe en plus…

    Hilda :   Oui, je suis allée les voir à Paris.

    blacksession.fr :   Qui s’appelle The Smile...

    The Smile
    The Smile avec Thom Yorke, Jonny Greenwood et Tom Skinner

    Hilda :    …Que j'ai donc vu à Paris il y a deux mois, trois mois. Je ne sais plus. Ils ont joué à la philharmonie et c'était complètement par hasard. J'étais en transit à Paris pour aller à Bordeaux et ma sœur m'a texté pour me dire “Il y a Thom Yorke à Paris le soir où tu es là”. Cela m’a fait super plaisir de le revoir.

    blacksession.fr :   Oui, c’est un bel hasard.

    Hilda :   Du coup, je ne les ai même pas prévenu que je venais puisque ma sœur avait un moyen pour nous avoir des places indépendamment et je suis tombé sur leur manager Christopher qui était … surpris (!) de me voir et m'a emmené voir Thom backstage.

    blacksession.fr :   Thom et puis il y a aussi un autre membre de Radiohead dans le groupe ?

    Hilda :   J'ai loupé Johnny  qui était déjà parti.

    blacksession.fr :   Je vais faire appel à vos souvenirs maintenant. Comment avez-vous fait la connaissance de Bernard Lenoir et comment vous êtes vous retrouvé dans cette magnifique histoire des black sessions sur France Inter ?

    Hilda :   Rencontrer Bernard, ç'a été un truc extraordinaire, qui montre sa gentillesse et son ouverture d'esprit… Moi je bossais à la Loco et il fallait bien faire la promo de tous ces groupes complètement inconnus que je découvrais dans les fins fonds des caves de Manchester, de Liverpool et que j'invitais en France. Mes patrons à la Loco me laissaient programmer ce que je voulais. Pendant cette période, j'ai eu deux soutiens vraiment importants, Libé, qui était toujours prêt à annoncer nos groupes, et puis il y avait Europe 1, avec Bernard Lenoir qui aussi nous faisait une belle promo.  Et puis un jour, je l'ai appelé en disant : “J’ai Peter Hook de Revenge sur les bras et il aimerait bien faire un peu de promo. Est-ce que je peux me permettre de vous l’amener pour une interview ?” Ils ont sauté dessus. Et cela a été ma première arrivée face à Bernard Lenoir. Et il était clairement un grand fan de Peter Hook et ça a été le début d'une grande et belle aventure. Ensuite il m'a dit : “Dès que tu as quelque chose comme ça d'intéressant, tu n’hésites pas, tu viens ! La porte est ouverte.” Alors ce n'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde et du coup, je me suis permise, très régulièrement de passer au studio d'Europe 1 voir Bernard, et ensuite, bien sûr, j'ai suivi à France Inter  .

    Joy Division
    Peter Hook à droite, bassiste du groupe Joy Division

    blacksession.fr :   Quand il est revenu à France Inter

    Hilda :   Oui absolument. Mais moi, je n’ai pas connu l’époque avant.

    blacksession.fr :   L’époque Feedback  , c’est ça ?

    Hilda :  Tout cela, c’était bien avant mon époque. Moi, je l’ai découvert à Europe 1. Je savais qu’il était connu.  Et puis, petit à petit, il y avait cette idée… Comme je passais ma vie en Angleterre quand même, j'avais cette obsession avec les Peel Sessions auxquelles je trouvais qu’il manquait la chaleur du live. Je trouvais que ça faisait très studio malgré tout parce qu’il n’y avait pas de public et c'était tellement bien enrobé. Moi qui passais mes nuits à La Loco à booker, à programmer des artistes. Il y avait toujours un truc qui ne va pas quand vous faites du direct. Et j'ai découvert la musique par le concert, donc le direct. Et quand j'ai commencé à parler à Bernard de ce projet, il m'a dit que lui aussi avait en tête un projet qui s'inspirait des Peel Sessions en France. Alors au début, on n'était pas complètement sur la même longueur d'onde. Parce que moi, j'étais complètement obsédé par cette idée de direct et de public. Et lui, en un grand professionnel, il voulait faire un truc propre, parfait.  On a fini par s'entendre sur le public et le direct. Ensuite il a fallu convaincre France Inter évidemment. Ça c'est Bernard qui s’en est chargé [rires] et qui a fait un boulot extraordinaire puisqu’on a eu le droit d'exister et c'est comme ça que les Black Sessions sont nées.

    La Locomotive
    La Locomotive au 80 bld de Clichy Paris

    blacksession.fr :   Quand j’ai fait mes recherches, j’ai retrouvé notamment... Donc, j'ai eu de la chance. On a réussi à retrouver des émissions complètes et notamment la première black session de Welcome To Julian  .

    Hilda :  Je ne me souviens plus…

    blacksession.fr :  Et puis d’autres aussi, grâce à d’autres personnes qui avaient des enregistrements complets. Et notamment, on a appris qu'avant qu’il y ait cette première black session numérotée, i y avait déjà eu des sessions qui avaient été enregistrées le samedi matin majoritairement donc au studio 105 avec des groupes tels que James, Dominique Sonic, Jean-Louis Murat, Little Nemo, The Little Rabbits,... C’était l'époque, où en fait, il y avait déjà eu des sessions mais elles ne se jouaient pas live. Saint Christopher aussi.

    Hilda :  Tout cela est très vieux et certains de ces concerts étaient peut-être sans moi, j'ai fait assez peu d'artistes français.

    blacksession.fr :  Ok donc ça, c'est des sessions qui avaient lieu à priori le samedi matin. Il y avait même eu des fois des enregistrements qui avaient été faits par les groupes chez eux avec leurs propres moyens. Ca a été le cas de Babel 17, qui est donc un  groupe français, qui avait enregistré ça. Et ce n'est qu'à partir de celle de Welcome To Julian où il y a eu vraiment cette volonté de faire donc des sessions live avec du public. Et c’est à ce moment-là qu'a commencé la numérotation.

    Hilda :   Cela ne faisait pas partie de ce que nous, on a appelé les black sessions.

    blacksession.fr :  Combien de temps cela a-t-il duré et pour quelles raisons avez-vous mis fin à cette collaboration ?

    Hilda :  De la première à … Je n’ai plus vraiment de date en tête. Je dirais peut-être  2000-2001, 8 ans je pense.

    blacksession.fr :   Et pourquoi vous êtes-vous arrêté à ce moment-là ?

    Hilda :   Ca devenait vraiment difficile de jongler avec ces voyages constants. Tous ces aller-retours en permanence. Cela devenait vraiment difficile.  Au début c'était fun, et puis après un moment ça devient juste difficile…

    blacksession.fr :  Vous aviez vos propres contraintes…

    Hilda
    Hilda

    Hilda :   C’est vrai qu’à un moment, il a fallu faire un choix.

    blacksession.fr :  : Comment vous répartissiez-vous le travail avec Bernard Lenoir et Michelle Soulier ? De quoi vous occupiez-vous ?  

    Hilda :   Il y avait des trucs qui nous étaient proposés par les maisons de disque. Donc généralement, on était sur la même longueur d'onde, c’est à dire que l’on n’avait pas envie d'être les larbins des maisons de disques et de prendre tout et n'importe quoi. S'il y avait des situations où il y avait un groupe qui était de passage et qui nous intéressait, bien évidemment on ne crachait pas dessus. Mais on bossait ensemble sur les artistes qui nous plaisaient à un moment donné. … J'étais responsable de tout ce qui était technique. Je gérais la fiche technique du groupe en liaison avec l'équipe de son de Radio France, ce qui n'était pas toujours facile, surtout au début, Après ça, c'est vraiment amélioré. Et Michelle produisait l’émission. Et puis au bout d'un  certain temps, Bernard m'a fait venir dans la présentation aussi. Au début, j'étais plutôt derrière le rideau à gérer, comme dans les concerts, l’aspect production du groupe. Et ensuite on présentait tous les deux. Donc voilà, ça a été une évolution vraiment sympa avec Bernard et Michelle.

    blacksession.fr :  : Vous avez cherché à attirer plusieurs groupes à la maison de la radio, j’ai notamment en tête XTC au tout début. Quel est votre plus grand regret ?    

    Hilda :   Déjà XTC, cela n’aurait pas été une demande de moi.  Donc je n'ai pas forcément de regret par rapport à ça. J'ai vraiment du mal à penser à des regrets attachés aux Black Sessions. On avait la liberté de faire les groupes qu'on voulait, avec une équipe fantastique, et un public extraordinaire... Que demander de plus!

    blacksession.fr :  Je n’avais pas la chance de pouvoir y aller régulièrement parce que déjà j’habitais en province.  

    Hilda :   Je pense qu’il y avait un petit nœud de parisiens qui venait tout le temps. On les voyait, ils faisaient la queue l’après-midi et ils mettaient une ambiance vraiment très sympa à chaque fois.

    blacksession.fr :  : Après, il y avait quand même un regret… À chaque fois Bernard disait de ne pas rester coller sur les fauteuils, de se lever.. Et cela, on l’entendait je pense à chaque fois. Il a dû surement en parler régulièrement.

    Hilda :  : C’était notre gros truc. Parce qu’en fait, je n’ai jamais été très sûr de si on avait le droit de se lever et de danser à Radio France. Et c'est vrai que très souvent dans nos conversations privées avant l'émission ou après l'émission ou pendant la semaine c'était : “Oh non attends, on ne va pas faire venir James, ils vont tous être collé sur leurs chaises, ce n'est pas possible !” Et c'est vrai qu’il y avait toujours cette question un peu de savoir si on avait même le droit de se lever pour danser à Radio France.

    blacksession.fr :   Moi je sais que quand j’y suis allé, j’avais ce sentiment là. Une fois debout, on ne savait plus vraiment où se mettre. Quel est le meilleur souvenir que vous gardez de ces black sessions ? Avez-vous une anecdote à nous partager ?

    Hilda :   La plus marquante pour moi, c'est la black session qui était la veille de mon mariage.  J'étais à Paris, parce que ce jour-là était le seul jour où un studio était disponible -et c'était en plus le studio 104, donc le plus grand… Je ne sais même plus quel groupe c'était mais je sais qu’on n’avait pas de flexibilité en fait, ce groupe n'était pas disponible…

    blacksession.fr :  Vous pouvez me donner la date et je vous le retrouverai tout de suite.

    Hilda :   Le 10 avril 1997…

    blacksession.fr :  C’était Swell  …

    Hilda :   Donc Swell. Donc on n’avait pas eu le choix. Parce que honnêtement, je n'aurais pas choisi d'avoir une black session la veille de mon mariage qui se passait dans un autre pays, en Angleterre. On prenait l'Eurostar le matin…

    Swell
    Swell

    blacksession.fr : : J’imagine que c'était avec Monsieur Carr  ?

    Hilda :   Oui ! Et puis on ouvre le rideau et Bernard dit quelque chose comme : “Et je vous informe quand même que Hilda se marie demain et devient Madame Carr ! ” Et tout d'un coup, j'ai ce truc qui m'est tombé sur la tête à commencer à me demander comment j'allais faire pour me lever le lendemain matin aux aurores, prendre l'Eurostar, et me marier !!!!

    blacksession.fr :  Un petit coup de stress peut-être ?

    Hilda :   Oui ! Et tous mes amis qui étaient devant, toute ma petite bande. Parce qu'eux, ils voyageaient aussi avec moi le lendemain matin. C’était mes demoiselles d’honneur. Ils m’ont dit : “On a cru que ta mâchoire allait se décrocher !” Ça reste un grand moment des black sessions. Il y en a eu d'autres...

    blacksession.fr :   Connaissez-vous le site blacksession.fr et que pensez-vous de cette initiative de faire revivre ces concerts mythiques diffusés à la radio ?

    Hilda :   Non parce que je ne suis plus dans la musique, je ne suis plus en France. Et c’est vrai que bien que je sois en contact avec Michelle, on ne parle pas vraiment des Black Sessions. Effectivement c'est marrant pour moi d'en parler avec vous parce que bien que ce soit une période que j'adore et ça me fait vraiment plaisir d'en parler, je n'ai personne autour de moi avec qui je peux en parler donc…

    blacksession.fr :   Du coup de mon côté, j’en parle régulièrement sur les réseaux sociaux…

    Hilda :   Et bien vous direz bonjour à tous les gens qui se souviennent des black sessions de ma part.

    blacksession.fr :   Je leur ferai passer le message de toute façon parce que l'objectif est quand même de publier notre échange pour qu’il puisse aussi revivre à travers cet échange cette période des black sessions et donc on essaie de déterrer aussi finalement les enregistrements des sessions. Aujourd’hui je possède l'ensemble des enregistrements. Alors par contre je n'ai pas des versions des fois de bonne qualité…

    Hilda :   Elles sont faites par des individuels ?

    blacksession.fr :   Oui parce qu'aujourd'hui, les archives des sessions sont conservées par France Inter et il y a des droits dessus….

    Hilda :   Bien sûr.

    blacksession.fr :   Il y a des droits liés à France Inter et des droits qui sont liés aussi aux groupes. Nous, on a juste des échanges entre amateurs de musique où on s’échange donc les black sessions. Peut-être que c'est compliqué par rapport au l'obtention des droits des groupes…

    Hilda :   Même à l'époque où je faisais les black sessions, on parlait déjà faire des compilations, et certaines discussions avaient avancées, mais entre les accords des maisons de disques et des groupes, c'est un vrai boulot qui ne s'improvise pas.

    Hilda
    Hilda

    blacksession.fr :   En effet ce n’est pas simple. En tout cas, si vous avez envie de vous écouter, vous allez sur le site blacksession.fr et vous verrez, il y a quelques introductions des black sessions où vous intervenez avec Bernard.

    Hilda :   Très bien.

    blacksession.fr :   En fait vous parliez des initiatives et des projets, de mon côté j’ai eu vent de deux projets. J’ai eu vent d’un projet vers les années 2008 je crois où il était question de sortir un livre avec les photos des black sessions et c’était je crois Philippe Mazzoni qui intervenait en tant que photographe à l'époque, avec qui j'avais été en contact et il disait qu'il était à l'époque photographe officiel des black sessions. Donc ils avaient pris quelqu’un pour prendre des photos et ils voulaient en faire un livre. Par contre je n’ai jamais rien vu sortir. Et alors autre chose que j’ai entendu cette année. Parce que je connais aussi Philippe Jugé  , je ne sais pas si cela vous dit quelque chose.

    Hilda :   Oui, bien sûr. Alors pourquoi je le connais… Il écrivait pas dans…

    blacksession.fr :   Il écrivait dans Magic! [Il en est même le créateur avec Serge Nicolas en 1995].

    Hilda :   Magic! Voilà un nom que je n’ai pas entendu en 20 ans là littéralement.

    Magic!
    Magic! #2 avec Dominique A en couverture

    blacksession.fr :   Je le connais parce qu’il a complètement aussi changé de domaine. Maintenant il est dans le monde des spiritueux donc qui n’a rien à voir avec la musique.    

    Hilda :   Dites-lui bonjour de ma part. Je suis désolée vous allez être mon porte parole…

    blacksession.fr :   Je lui dirai. Donc je l'ai croisé à un salon spiritueux parce que je suis aussi un grand amateur de spiritueux et il m'a dit : “Au fait, es-tu au courant ? Il y a un projet de sortie de livre et ça, c'est cette année [2022]. Il y a quelqu'un  qui veut sortir un livre sur les Black Sessions, avec des photos de Black Sessions. Est-ce que tu es au courant ?” Il m’a donné un nom mais je ne l’ai pas noté [Nicolas Plommée après avoir recontacté Philippe Jugé]. Donc voilà, à priori, il y avait aussi un autre projet en cours.

    Hilda :   Mais même le premier projet dont vous parliez de ce photographe, j’imagine qu’il faudrait qu’il le fasse en association avec, il aurait fallu, parce que j’imagine que c’est du passé maintenant, qu'il le fasse en association avec Robin [Site Officiel], puisqu'il  était la personne qui faisait toutes les photos des black sessions, tout au moins quand moi j’étais là jusqu’en 2000…  

    blacksession.fr :   Donc peut-être qu’ils sont en contact maintenant à travers ce projet là.

    Alors j’avais une question très précise. Je pense que cela va être très compliqué. J'essaie de refaire cette vie des black sessions et j'ai des trous dans la numérotation.  Notamment j'ai un numéro mais je n'ai pas de groupe derrière.

    Hilda :   Oh la…

    blacksession.fr :  Je savais que cela allait être compliqué comme question parce que là ça demande des souvenirs. C'était donc dans les années 95 où il y a une black session de Therapy!

    Hilda :   Jusque là ca va, je me souviens de ce groupe [rires]

    blacksession.fr :   Et ensuite il y a celle de Electrafixion, le groupe de Ian Mc Culloch. Et il y a un numéro entre les deux et puis on n’a pas de groupe. Et quand je regarde dans les archives de France Inter aussi qui sont disponibles au niveau de l’INA, il n'y a rien non plus. Il y a un numéro mais il n’y a pas de dossier, ce qu’ils appellent, pas de dossier à l’INA. Donc il y a aujourd’hui un trou dans l’histoire des black sessions où il y a un numéro sans groupe.

    Hilda :    et cela ne pourrait-il pas être un truc que l’on aurait annulé parce que c’est quand même bizarre qu’il n’y ait rien à l’INA.  

    blacksession.fr :   Peut être un truc qui a été annulé mais dans ce cas-là, nous n’avons pas obligatoirement l’information de ce qui aurait pu être annulé. Les annulations que j’ai en tête c’est XTC mais il n’y a pas eu de numéro associé..

    Hilda :   XTC c'est peut-être juste avec Bernard, parce que je ne m’en souviens plus, mais peut-être que Bernard voulait le faire et que cela ne s’est pas fait pour X ou Y raisons et il a dû le mentionner quelque part etc. Mais ce n’est pas une session  qui a été organisée et annulée. Moi je n’ai jamais organisé de session XTC.

    blacksession.fr :   Donc ça c’est ce qu’il voulait au départ avec les discussions autour du public. Il y a eu aussi Thousand Yard Stare au début qui avait été annulé à priori, qui avait été imaginé mais qui ne s’est jamais faite et il y avait eu pourtant une date qui avait été évoquée. C’était le 5 mars 1992. [Après vérification, c'était un interview et non une black sesssion pour ce groupe à cette date. Merci Stéphane. Lien vers l'emission en question] Après donc il y a eu, la black session de Noir désir aussi qui a été annulée. Je ne sais pas si cela vous rappelle quelque chose…

    Hilda :   Oui complètement. Bien sûr alors je ne sais plus du tout pourquoi mais je sais qu'on avait booké Noir Désir à un moment donné.

    blacksession.fr :   J’ai la raison. J’ai fait mes recherches.

    Hilda :   Oui, oui…

    blacksession.fr :   C’est parce qu’Arnaud Viviant avait fait une chronique sur Noir Désir dans l'émission de Bernard Lenoir où il n'avait pas été tendre avec le groupe et ce dernier n’a pas du tout aimé cette chronique et suite à cela a donc décidé d'annuler la black session.

    Hilda :   Ah ba, je ne me souvenais même pas de cela… J’adorais Arnaud Viviant. Il faisait partie des gens qui nous soutenaient bien quand même.

    Arnaud Viviant
    Arnaud Viviant

    blacksession.fr :   Il n’était pas chez Libé ?

    Hilda :   J’étais en train de me demander…   Sincèrement le problème que j'ai avec les Black Session et d'ailleurs avec toute ma vie musicale, c'est que je l'ai vécu un peu comme un rêve.  Tout… Enfin là maintenant cela ressemble à un rêve parce que tout allait tellement vite. Je passais d’un truc à un autre : il y avait une tournée, il y avait un concert, il y avait une black session. On vivait dans le présent, et je ne me préoccupais pas de garder des archives...Je n’ai rien en fait de toute cette époque à part une photo d'une Black Session, et une de la Route du Rock avec Bernard

    blacksession.fr :   C’est ça, je voulais vous demander si vous aviez des photos à me partager pour éventuellement pouvoir illustrer l’interview.

    Hilda :   Au début, il n’y avait aucune nécessité pour moi d’avoir quoi que ce soit parce que Robin et moi on était tout le temps ensemble. Il était tout le temps fourré chez moi ou j'étais tout le temps fourré chez lui et donc je savais que lui avait cette trace. Après il y a eu ma vie à cheval entre deux villes et à passer plus de temps dans l'Eurostar que nulle part ailleurs, et ensuite on s'est perdu de vue et comme je ne suis pas très photos, je n'ai jamais pris la peine de faire des recherches ou de demander…

    blacksession.fr :  : Je sais qu'il y a eu aussi à cette époque-là donc ça c’était en 95. Il y a eu l'annulation de Supergrass et Ash pour cause de grève.

    Hilda :   Oui, on a eu une fois avec Supergrass - je ne me souvenais pas qu'on les avait annulés mais c'est très possible. Les souvenirs les plus horribles des Black Sessions c'était chaque fois qu'ils avaient des problèmes de grève ou de blocage aux frontières dans les douanes, où j'avais des groupes qui restaient bloqués pendant des heures et on voyait arriver l'heure du direct qui approchait, qui approchait, qui approchait et il fallait prendre la décision d'annuler ou attendre jusqu'au dernier moment. Je ne sais plus qui c'était mais une fois on a fait un groupe sans soundcheck parce que le groupe est arrivé trop tard !

    blacksession.fr :   Alors je crois que vous avez un peu déjà répondu tout à l’heure à cette question mais est-ce que vous écoutez toujours de la musique ?

    Hilda :   Oui j’écoute toujours de la musique mais plus du tout la même musique qu’avant. C’est à dire que j'écoute des trucs qui vont du classique à des comédies musicales, j’ai découvert de vieilles comédies musicales américaines “There’s no business like show business”, des chansons comme ça, des morceaux que j’entends puis je me dis “tiens c’est quoi ça ? C’était bien.” Je me suis découvert une passion pour le classique et puis des choses un peu au hasard…

    There's no business like show business
    La comédie musicale There's no business like show business

    Stevie Wonder ça reste un des trucs que j'ai toujours aimé sans être une méga fan de Stevie Wonder mais curieusement ça fait partie de ces trucs que j'ai toujours écouté un peu dans le background et maintenant si je dois demander à Alexa de mettre de la musique vraisemblablement je vais lui demander de me mettre du Stevie Wonder parce que parce que c'est bien quand on fait autre chose.

    blacksession.fr :   Donc vous ne suivez plus l’activité des groupes indés ?

    Hilda :   Plus du tout…

    blacksession.fr :   Et donc on ne peut plus vous demander des conseils sur ce qu'il faut écouter en ce moment alors ?

    Hilda :   Il y a des trucs que je regrette de ne pas avoir mieux connu. Parce que chaque fois que j'entends du hip hop, j’adore. Je suis passé complètement mais alors complètement à côté de cette vague et je regrette parce que chaque fois que j'entends un truc, je me dis qu’en fait c'est vachement bien. Je trouve marrant de ne pas avoir accroché quand j'avais l'âge pour ça, et puis maintenant quand j'entends, je me dis “c'est bien ça !”  

    blacksession.fr :   C’est aussi parce que finalement c'est devenu commun ou que c'est devenu familier. On a aussi ce regard différent. Je sais qu’il y a des groupes hip-hop, moi je ne suis pas du tout hip-hop, je sais qu’il y a des groupes, des chansons hip-hop de groupe français, peut-être même comme NTM quelque chose comme ça que je peux réécouter comme ça et que je vais trouver sympa alors que je sais qu’à l’époque je ne le supportais pas ! Donc c'est devenu finalement petit à petit familier

    Hilda :   Il y a aussi des grands classiques dont je ne me lasse pas et qui sont toujours dans mes playlists, c’est Les Négresses Vertes. Curieusement parce que je ne suis jamais allé à un concert des Négresses Vertes de ma vie, je ne peux pas dire que j'étais fan des Négresses Vertes, j’aimais bien c'était un truc sympa et bien maintenant 20 ans 30 ans après, cela reste de la musique que j'ai sur mes playlists.

    Les Négresses Vertes
    Les Négresses Vertes

    blacksession.fr :   Ils étaient venus en session, il me semble, Les Négresses Vertes.

    Hilda :   Non, je ne crois pas…

    blacksession.fr :   Il me semble bien pourtant.

    Hilda :   On les a fait ?

    blacksession.fr :   En 99.

    Hilda :  Ah ben oui j’étais encore là.

    blacksession.fr :   Le 20 décembre 99, oui ils étaient venus. C’est bien ce que je me disais aussi…

    Hilda :   C’est peut-être là que j’ai découvert que je les aimais alors [rires].

    blacksession.fr :   Ecoutez, de mon côté, j’ai fini mon questionnaire.

    Hilda :   J’ai répondu à toutes vos questions ?

    blacksession.fr :   Oui merci beaucoup. j’espère que ce n’était pas trop ennuyeux

    Hilda :   Je n’ai vraiment pas assez de souvenirs assez précis pour vous aider sur des trucs précis. C’est plus un ensemble.

    blacksession.fr :   Un sentiment global de cette période.

    Hilda :   D’une belle période !

    blacksession.fr :   Pour moi aussi. Ça m'a construit et notamment au niveau musical.

    Hilda :   Merci beaucoup, passez une bonne soirée !

    blacksession.fr : Merci beaucoup ! Au revoir Hilda.